- Ce sujet contient 6 réponses, 6 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par PAsg8, le il y a 7 années et 10 mois.
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Histoire de ne pas oublier, j’ai relaté ma journée dès que je suis rentrée. Je vous la livre, en espérant ne pas avoir trahi la vérité…
La nuit a été courte, déjà deux jours que mon sommeil est contrarié par des pointes d’angoisse : “Et si j’ai les As en première main et qu’un brelan me les craque ?” Car le but de cette participation c’est de vivre une journée, voire plus si les choses se passent vraiment bien, la plus longue et la plus intense possible dans l’ambiance unique de cette Grande Halle réunissant une fois l’an plus de 2000 joueurs. Et aussi d’y croiser les KT participants, car le virtuel ça va un moment mais rien ne vaut le vrai contact.
Arrivée vers 9h15 je me gare dans une rue du côté du canal, il pleut. Un gars souriant en survêt vient me demander si le stationnement est payant, eh oui bien sûr, il a l’intention de stationner toute la journée, on se recroisera à de multiples reprises en effet. A l’entrée de la Grande Halle deux files s’allongent, composées d’une faune majoritairement en blouson, baskets, survêt, bonnet ou casquette. Pas beaucoup de filles, ce n’est pas une surprise. Mais bien davantage dès l’accueil, bouches rouge vif, minijupes et chaussettes hautes, incontournables touches glamour du folklore pokéristique. “Bonjour madame !” Bon, ça ne me rajeunit pas, mais je me rassure en constatant que si l’assemblée est majoritairement jeune on dénombre aussi pas mal de vétérans.
Une demi-heure avant le début du tournoi, je retrouve les Kill-Tilteurs autour de P.-A., aisément repérable (bien qu’il ne soit pas le seul à frôler le double-mètre, loin de là). On est rapidement une dizaine, contents d’être là et un peu excités, à coller le badge KT sur nos poitrines. Last but not least, Shishi daigne descendre du salon VIP pour venir saluer tout le monde. Puis chacun rejoint sa table.
Neuf hommes sont déjà attablés à la 8, dont trois jeunes arborant badges ou tatouages, lunettes de soleil sur le front, plus un joueur très nerveux que je suis sûre d’avoir déjà vu (sur un stream TV ?) et qui ne décrochera pas un sourire de toute la journée, ainsi que sur ma gauche le sosie inquiétant de John Malkovich. Face à moi, un papy aux cheveux blancs tout frisés tâche d’avoir l’air impassible, quand un grand Noir paraît presque s’ennuyer. Mon voisin de gauche semble plus timoré… Je n’ai presque pas de souvenir du 10e joueur, qui sera le premier à sortir. Les jeunes aux dents longues se lamentent : chaque année, le tournoi est plein de joueurs inexpérimentés qui ne savent même pas qu’il faut brûler les cartes, un tour prend des plombes. J’en profite pour leur signaler que c’est un peu mon profil et que je compte sur leur indulgence. Je ne précise pas qu’en vérité c’est seulement mon deuxième live, et que le premier fut court. Mais c’est l’heure du show, qui démarre au cœur de la halle, et que nous découvrons sur le grand écran tout proche de notre table excentrée : les pom-pom girls ouvrent la voie à toute la team Winamax qui défile, Patrick fait son speech et Sinsemilia entonne un air de circonstance : “On vous souhaite toutes les rivers du monde…”
C’est parti ! Avec deux jeux de cartes et l’expérience des joueurs à ma table, ça va plutôt très vite. Les “pros” démarrent sur les chapeaux de roue : dès les premières donnes c’est Malko qui s’impose comme le plus agressif ; un jeu d’intimidation s’installe avec le tatoué, plaisamment bavard, commentant tous les coups. Le premier sortant est annoncé : une paire d’As face à un brelan de Valets. Mes adversaires jouent en majorité assez large, entrant dans de nombreux pots multiway. Mais, surprise, contrairement à ce que l’on m’avait annoncé, il y a peu de limps, et ça relance méchamment. Malko et le tatoué se bagarrent, les autres en font les frais, foldant après avoir suivi. Beaucoup de check turn et river en revanche, ça se joue parfois à une simple hauteur. J’attends une main pour entrer dans la danse, mais je ne reçois rien de potable, rien, et ça dure, pendant plus d’une heure. C’est clair, je suis la nit de la table, au moins mes premières mains jouées auront de la crédibilité. Côté pratique, immédiatement à ma droite se trouve un jeune très sympathique qui a la gentillesse de m’indiquer que c’est à moi de jouer quand je suis lente à réagir. Evaluer la taille du pot est ce qui m’est le plus difficile, n’étant pas familière avec les montants des jetons. Le tatoué sur ma droite se met à voler les blindes outrageusement, je le relance en bluff car les cartes ne veulent toujours pas me sourire. Un nouveau joueur a pris place après une première élimination, vieux routier du poker qui veut en imposer mais montrera pas mal d’erreurs de read. Enfin m’échoit une paire de Dames, qui sera suivie d’une série de bonnes mains, pocket pairs et As bien accompagnés. A force de relances préflop, et surtout de Cbet fortement dosés, 2nd barrel si nécessaire, je bénéficie de mon image et mon tapis progresse régulièrement. Plusieurs joueurs sont déjà short stack, ratiboisés par Malko qui accumule les jetons et ne relâche pas la pression.Et puis, sur un board 5A6 7 5, ma paire de 6 trouve un full face à mon voisin de droite qui part à tapis : à mon grand regret (vite consolé par la hauteur de mes piles), je sors mon Jiminy Cricket et son brelan de 5 et me retrouve avec 66k quand l’average est à 20k. J’apprendrai plus tard que c’est le cousin d’un Kill-Tilteur. J’espère en profiter pour jouer plus de mains mais Malko à ma gauche ne se laisse pas faire, il m’intimide et en abuse. Je prends toutefois confiance, manipulant cartes et jetons avec plus d’assurance. Au bouton, je call les minraises avec des poubelles : un 35 m’apporte quinte river, un pot substantiel et une réflexion ironique de Mr BadRead. Je sens bien que le regard des joueurs se fait moins bienveillant qu’au début. La première pause n’est pas loin et un nouveau joueur s’installe, un binoclard qui va vite s’avérer lui aussi très à l’aise et expérimenté. Dans un AQ vs AK un peu surjoué (trépignant debout, les bras en l’air), il déstacke Malko de 50k, prenant l’ascendant sur la table, et c’est la pause.
Je ne vois plus The Fuller qui était assis pas loin, quand un rouquin se rue vers moi : c’est Jurik, qui joue à deux tables de là. Nous partageons l’heure du déjeuner et nos impressions sous le soleil qui illumine maintenant le parc de la Villette. Quarante minutes plus tard, retour aux tables, et j’appréhende la suite, anticipant une hostilité inédite vu ma progression. Et je ne suis pas démentie : plus de patience devant mon inexpérience et mes hésitations. Les mains s’enchaînent avec une rapidité qui m’égare, les jetons en vrac, les cartes parfois par-dessus, ça va clairement trop vite, et je n’ai plus le temps d’apprécier correctement le montant du pot. La pensée qu’ils se sont donné le mot pour me jeter dans le trouble m’effleure, mais je la repousse pour me concentrer sur le jeu. Le soleil baigne notre table et les lunettes de soleil sont de sortie: de trois-quarts face à moi un BG à la barbe de hispster plutôt discret jusqu’à présent a chaussé des lunettes d’aviateur à verres jaunes miroir. Il sourit. Impossible de deviner où porte son regard, c’est indéniablement troublant. Malko est déterminé à remonter son stack et élimine deux shorts en confrontations all-in, le tatoué se défend mais son tapis s’amenuise. Le papy, le grand Black et le discret sont out.
Croyant à un walk, je retourne AK en BB, et là stupeur : Malko sur ma gauche avait open x 2,5, soit 5000. On appelle un arbitre : on fait quoi ? On doit jouer la main, c’est à moi de parler et je suis en panique devant cette situation jamais vécue avec une telle main. Je raise 15000. Malko pousse devant lui son tapis, qui me couvre. Et là… je folde. Ce qui déclenche la stupeur du binoclard et du triste TV-showman : “Mais c’est un flip !” “Merci !, me dit mon adversaire. – T’avais quoi ?, je demande. – Les Dames, je te les ai montrées !” Au milieu de la confusion générale, je n’avais pas vu qu’il montrait sa main (après coup, je me dis qu’il n’a pas insisté et ne s’est pas assuré que je la voyais, mais bon). Et à partir de là, c’est le trou noir. Je repense à cette situation en boucle, impossible de la sortir de ma tête et de me concentrer sur les mains suivantes. Les blindes grignotent mon stack, je commets des erreurs, suivant où il ne faut pas, et je me retrouve short. Le tatoué s’incline à son tour. Privée de ses commentaires débonnaires, la table sombre dans un silence glaçant que n’arrange pas la température ambiante, en forte baisse avec le déclin du jour.Mon tapis se remplume. Trop de jetons de faible valeur et bien évidemment aucun joueur pour me faciliter la monnaie, je n’arrive plus à m’y retrouver et le rythme ne ralentit pas, ne me permettant pas d’évaluer correctement le pot. Le triste sire à ma droite open x 2,5, je suis ; le flop apporte un Valet, un As, une carte basse et il push. Je paye en manipulant maladroitement mes jetons, ce qui a le malheur de l’irriter au plus haut point, d’autant que ses Valets l’obligent à quitter la table face à mes As. Comme si le quota d’habitués n’avait pas déjà été atteint pour contrebalancer mon côté amateur, un nouveau streum s’assoit : imposant en sweat noir badgé, la tête rasée, lunettes noires sur le front, il fait valser les jetons en l’air, check comme un boucher avec le tranchant de la main sans desserrer les dents. L’atmosphère décontractée du début s’est terriblement durcie… Deux nouveaux joueurs se présentent, dont une frêle jeune fille, qui foldera toutes ses mains sans quitter des yeux son smartphone. Je remporte deux gros pots avec des mains très moyennes : A4s et… KT vs AK chez Malko, qui doit se lever à son tour, dégoûté.
A mon grand soulagement, on vient nous chercher pour nous déplacer et j’accoste une table de djeun’s très jeunes, même pas 20 ans : ils sont trois à aligner des gratte-ciel de jetons et à frimer avec un machisme encore boutonneux assez touchant. C’est clair que j’aurai fort à faire mais l’ambiance est bonne et décontractée, et le plaisir du jeu revient. Un homme plus âgé me fait face et je perds deux gros pots face à lui. Dans le premier j’ai A9 de pique et deux piques et un Roi tombent au flop ; il paiera cher mes deux barrels mais la river attendue n’arrivera pas. C’est là que j’ai perdu la partie, me retrouvant avec 12 BB qui vont décroître rapidement. Niveau 19, je capitule, pushant mes 8 BB avec K6s au bouton, payé par A3 par un des gamins. Sans doute aurais-je dû attendre encore un peu, qui sait, mais j’avais mon compte. Moi qui pensais ne tenir que quatre tours, j’avais eu une belle journée.
Il restait un niveau pour rejoindre les KT massés derrière la table où Shishi s’assurait une place pour le lendemain et assister à sa qualification. Puis pour s’interroger sur le meilleur spot où boire une pinte : laissant P.-A. et Kerfo se préparer pour le beer pong, on s’installa finalement à la terrasse de la brasserie de la Grande Halle, dans des vieilles cabines de télésiège.
J’ai pris congé vers 21 heures, roulé sur le périph et l’A6, traversé la forêt et vu une biche. Retrouvé mon mari et mes filles, et je leur ai raconté.
Merci pour ton partage.
J’ai vécu comme toi ce « trou noir » le croupier avait changé et je m’étais même pas rendu compte….
C’est le stress, les 1ere fois en live… quand on joue sur le net tout est plus facile et on s’en rend pas compte.
Quand on prépare un 1er live… on se dit… bon ok… easy je vais prendre mon temps… ranger mes jetons, compter le stack des gaillards… ça va le faire … ben Non…. au faite faut comme toute chose il faut s’habituer à cette discipline et le faite de compter, mettre les bon jetons, relancer, etc… ça prend une sacré énergie au début.
Il y a encore du temps pour se qualifier pour Mars, alors GL
Hey Blixa!!!
Merci pour ton compte rendu. C’était super plaisant à lire.
Content d’avoir fait ta connaissance également.
Notre préparation avec PA pour le beer pong n’aura servi à rien, éliminés dès le deuxième tour!! (oui oui ok, c’était notre premier match) mais deuxième tour quand même. lol
Au plaisir de te recroiser.
Kerfo
@shaliste : j’avais déjà participé à un petit tournoi local mais là c’était vraiment le baptême du feu. Et je pense en avoir beaucoup appris, je devrais être bien plus à mon aise sur les petites villes !
Pas le choix, faut en passer par là…
@Kerfo : merci de m’avoir lue, je crois que tu connais intimement un des protagonistes à une prochaine, avec plaisir ! (C’est sick pour le beer pong )
Hello Blixa,
Bien sympa ce compte-rendu ! Content de t’avoir rencontré, dommage que tu n’aies pas pu aller au bout ça s’est pas joué à grand chose ! Pour les cartes retournées, ça arrive à tout le monde, l’important c’est de pouvoir se ressaisir et se remettre dedans! Et puis ça t’a fait de l’expérience pour ton prochain live!
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