- Ce sujet contient 14 réponses, 11 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par zedryas, le il y a 12 années et 4 mois.
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Et voilà, je recommence des jeux de mots pourris qui n’ont pas vraiment de sens!
En fait si, ça a un sens, vous comprendrez pourquoi un peu plus tard, en lisant ce billet un peu long! ^^Ce qui marque vraiment la semaine pour moi-même, mais aussi pour Kill Tilt, c’est le challenge Sh4o qui a eu un très beau démarrage! Tout le monde a l’air super enthousiaste c’est génial! Je sais pas encore ce que ça va donner sur les 3 / 4 mois que va durer ce challenge, mais ça promet je crois… Je vais pas encore m’étendre sur à quel point ça me fait plaisir, mais je le rappelle néanmoins par ces quelques lignes: qu’est-ce que c’est génial de voir plein de gens motivés, heureux de donner, et du coup de recevoir en échange puisque visiblement le challenge donne envie à plein de joueurs de se remotiver à bien travailler leur jeu. Je vous y encourage beaucoup d’ailleurs.
Je vais en profiter pour parler un peu du bad run, du désespoir ou de la frustration au poker, puisque c’est ce qu’a ressenti Sh4o lorsqu’il voulait stop le poker, et c’est ce qui a donné envie à la communauté de l’aider.
Quand on joue des milliers de mains par mois, avec des objectifs bien carrés, on traverse forcément des phases de bad run, ce qui est logique et fréquent. Cependant certains bad run font vraiment beaucoup plus mal que d’autres, pour plein de raisons… Soit parce que c’est « celui de trop », soit parce que c’est un bad run qui nous broke ou nous force à retomber à une limite où on se sent « honteux » de jouer, ou encore parce que le bad run arrive dans une période de notre vie vraiment catastrophique… Ou alors, ça peut être tout ça à la fois… Pas facile donc. Pire, il s’ensuit parfois vraiment d’énormes souffrances. Je suis joueur de poker, je sais de quoi je parle, mais surtout, j’ai eu la chance de rencontrer énormément de joueurs bien meilleurs que moi, jouant à des limites très élevées, qui ont traversé des périodes de souffrance liée au poker vraiment horribles.Je peux d’ailleurs vous garantir une chose: je ne connais pas un seul joueur de poker qui n’a pas traversé de phase de doute complet, perte de confiance, désespoir, envie de tout arrêter. Ceci, c’est naturel. Cette souffrance énorme, tout joueur qui fait du volume et qui a des gros objectifs, la ressentira. Seulement, ce qui m’a toujours fasciné, c’est que parfois, cette souffrance donne naissance à quelque chose de magnifique et de remotivant. Parfois, on transcende la souffrance, on la dépasse et on change, et on renaît en quelque sorte. Comme si on détruisait tout, pour laisser place à une table rase, permettant de reconstruire quelque chose de plus beau. Nietzsche a une phrase que je trouve géniale: « Il faut du chaos en soit pour enfanter une étoile dansante. » La douleur est une étape nécessaire et de toute façon inévitable, au poker mais dans plein de phases de notre vie. Et si on sait réellement « chérir » notre souffrance ressentie, l’accepter, y prêter attention et la voir comme telle, sans y rajouter plus que ce qu’elle est, elle peut être un incroyable moteur pour s’éveiller, changer, voir plus clairement ce qui ne va pas. C’est difficile d’accepter de souffrir, de toute façon, on n’a pas le choix. Lorsque la douleur est là, elle est là, et on ne peut rien y changer. Par contre, on peut changer, pour ne plus souffrir à l’avenir des mêmes maux.
Au poker, la grosse souffrance qui peut être ressentie sur des périodes qui commencent à se faire longues, finit souvent par éclater au bout d’un moment. Parfois, non… Parfois, il faut vraiment souffrir très longtemps, très fortement, pour enfin exploser littéralement et finalement changer, se réveiller en quelque sorte.De mon côté, lorsque je démarrais le poker dans mes premiers mois, je sais que j’ai traversé une phase vraiment horrible à un moment, avec un très gros bad run. J’étais passé de 7500 de bankroll à 2500 en un claquement de doigts. J’avais vraiment run good les 3 mois avant, j’avais enchaîné les limites de la NL25, à la NL50, puis NL100, pour enfin me faire éclater en NL200 juste ensuite. J’étais vraiment mais vraiment dévasté… Je me rappelle en avoir eu les larmes aux yeux de rage et de frustration. Je voulais tellement y arriver, le plus rapidement possible!
Une scène assez marquante me revient toujours en tête, j’étais assis sur un banc en bas de mon studio parisien, avec une Leffe à la main, le regard complètement dans le vide. Des tonnes et des tonnes de pensées tournaient dans ma tête sans aucune cohérence, un vrai bordel ce que je ressentais… Je suis resté là un bon moment, peut-être 1h, à fumer 2 ou 3 clopes et boire 2 ou 3 bières. Puis à un moment, je ne sais pas trop pourquoi, mais j’ai complètement arrêté d’essayer de lutter contre ce qui était ma situation actuelle. Je me suis juste dit: « Bon ben écoute, c’est pas compliqué, il ne me reste plus que 25 buy-ins de NL100, j’en tente encore 5, et si ça passe pas, il me restera 2k et j’irai en NL50 avec 40 buy-ins. Et si ça passe toujours pas et qu’il le faut, tant pis, j’irai en NL25. » Je sais pas pourquoi, mais accepter vraiment la réalité de ma situation, et me dire que quoiqu’il arrive je pourrai redémarrer, ça m’a donné des ailes. Je me sentais totalement léger et dédramatisé. Je suis rentré au studio totalement en paix avec la situation, et reboosté à bloc. J’avais vraiment arrêté de ruminer le pourquoi du comment, les 5000 perdus en NL200, les bad beats, machin machin… La machine mentale incontrôlable s’est tue, et j’ai pu rejouer un bon poker.Pour la petite histoire, j’ai joué très très très tight, ultra low variance et weak, avec mes 2500 en NL100, et je n’ai pas eu à move down plus bas en NL50, mais si ça avait été le cas je l’aurai fait parce que je savais que je n’avais pas le choix, et que c’était la décision juste. Finalement donc, l’énorme souffrance que j’avais ressentie (j’étais vraiment au fond du gouffre sur le coup), s’était transformée en une énergie incroyable, prêt à accepter tout ce qui allait venir, parce que prêt à voir les choses telles qu’elles sont et faire de mon mieux pour travailler à changer ce qui n’allait pas.
Je vais m’arrêter là sur l’histoire, mais il y a eu énormément d’autres moments dans ma vie de joueur de poker où j’en ai eu ras le bol. Je n’arrivais pas encore à voir que la souffrance était en fait une étape nécessaire, et qu’elle me permettait à chaque fois d’aller mieux, de faire mieux, et d’avancer. La souffrance donc, si on travaille dessus, peut totalement transformer la façon dont on voit les choses, mais surtout notre façon d’agir sur les choses. La souffrance, c’est ce qui nous pousse à changer, à se sortir d’une situation qu’on déteste. La souffrance est un moteur pour arriver à un équilibre. Ca se fait petit à petit. Chaque phase de souffrance qu’on dépasse est un pas de plus vers l’équilibre, qui n’arrive pas de suite bien sûr. Qui ne sera de toute façon jamais un acquis: il faut toujours rester vigilant, pour ne pas se casser la gueule! Je vous raconterai peut-être dans d’autres billets les autres périodes horribles vécues, qui m’ont finalement permis au fur et à mesure de changer plein de choses dans mon poker et dans ma vie. C’est important, parce que c’est tout simplement cette souffrance qui m’a donné envie un jour de faire Kill Tilt! ^^Bref, tout ça pour dire que oui, s’il faut du chaos en soit pour enfanter une étoile dansante, on peut dire que pour la communauté Kill Tilt, il faut aussi du Sh4o en soi pour enfanter une étoile dansante!
En effet, ce projet marche vraiment et plaît à beaucoup d’entre vous et semble vous donner de l’énergie, de la motivation et de l’envie! Et sans Sh4o et sa bonne humeur, son enthousiasme et son envie de progresser, tout ça n’aurait jamais été possible. Sans vous non plus, sans cette envie de donner spontanément et sans rien attendre! Donc c’est vraiment top, et je vous remercie sincèrement, j’espère que vous réalisez à quel point tout ceci est une grande source de bonheur dans ma vie. Je ne sais pas trop dans quelle direction Kill Tilt va aller, mais ça me plaît en tout cas!La bise à tous!!
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C’est dingue de penser que c’est les grosses claques qui nous font vraiment avancer. C’est les grosses merdes qui nous font le plus relativiser et devenir zen. Pourquoi l’espèce humaine doit attendre d’en prendre plein la tronche pour devenir quelqu’un ?? Ca restera toujours un mystère pour moi …
- France
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C’est beau ! (je copie Ventralman mais j’ai vraiment pensé ça une fois que j’ai fini de lire !) Très bien écrit.
C’est plutôt long mais j’aurai pu en lire 5 fois plus sans pouvoir m’arrêter pour autant.
Bravo !
Très beau article !
J’ai aimé ton histoire sur ta mauvaise période de poker, cela prouve que tout le monde en a un jour !
En tout cas, GL à Sh4o
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Souvent en fait les gros drames et « claques » nous font tellement mal, qu’on arrive même plus à s’accrocher à nos mauvais schémas…
Du coup, on y voit bizarrement un peu plus clair, et on arrive à prendre une autre direction!
Merci les gars, c’était une petite entrée de blog atypique, mais je trouve que c’est important aussi de parler d’à quel point le poker peut être le déclencheurs de souffrances parfois!
C’est pas un aspect à occulter à mon avis, parce que c’est quelque chose que vit à un moment ou un autre tout joueur de poker!
Je viens de tomber là dessus.
Thumbs up pour le partage.
Difficile de dénouer parfois les fils d’une volonté de fer que l’on se construit et des coups de massue que l’on se mange en parallèle.
Poker = concentré d’émotions et d’expériences. Parfois violent, parce qu’en dépit de kill tilt et par définition seul.
Merci à ce site. Merci à toi Simon.
Et gl sh4o
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