- Ce sujet contient 2 réponses, 2 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Don Matador, le il y a 7 années et 7 mois.
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Je partage ici un vieil article qui ma semblait intéressant, il date mais à mon sens est toujours d’actualité et peut amener à une meilleure perception, apprehension de cette période « difficile »
–Issu du forum Pokernews–
ARTICLE SUR LE RUN BAD PAR KIPIK (2011)En fait, le bad n’existe pas, c’est juste une création de notre cerveau qui a observé ce qu’il pense être des « motifs ». Exemple, j’ai perdu 17 flips sur 17 joués, je run bad, c’est terrible. Le lendemain 1/8 (je crois), putain de bad run. Oui et non. Nos résultats ne sont pas liés à une statistique particulière. Si je perds 17 flips sur 17 mais gagne le 2outer qui me rapporte 50 fois plus, est-ce que je run réellement bad ? Et si, en fait, j’ai à côté de ces 17 flips perdus 6 setups AAvKK/KKvQQ, run bad ou pas ? Il est quasiment impossible de déterminer si réellement on run bad. Il est très facile de s’en persuader. Mais, pour l’essentiel, c’est juste un attachement émotionnel à une ou deux statistiques qui ne signifient rien prises isolément.
Le bad est tellement fictif qu’il peut aussi masquer la réalité. Fallait-il jouer ces 17 flips ? Et pourquoi seulement 8 le lendemain ? Si j’avais eu 2x plus de stack à chaque flip, quelle différence cela aurait-il fait ? Penser en terme de good/bad run empêche en fait de penser aux questions qu’on devrait/pourrait, en réalité, se poser.
Du coup, le bad run a tendance à s’auto-entretenir. Il peut être réel, même si l’hypothèse la plus probable est qu’il ne l’est pas. Mais on ne dispose en fait d’aucun moyen de vérifier sa réalité mis à part sur la durée. Mais le problème sur la durée est qu’il peut alors s’agir plus d’un tilt généré par le sentiment de bad runner que d’un bad run réel.
Toutes ces raisons font qu’on ne peut pas « sortir » d’un bad run. Tout simplement car, celui-ci n’existant pas réellement, on n’y est en fait jamais entré. Et ce, même si, en fait, il existe réellement (le bad run n’existe pas mais, statistiquement, on peut et on va tous vivre des périodes « d’anomalies statistiques » défiant l’entendement) ou a existé à un instant-durée donné.
Au final, la seule solution pour sortir d’un bad run, c’est d’améliorer sa qualité de jeu. Plus on joue un A-game, et meilleur est notre A-game, moins le bad run aura d’effets (si tant est qu’il existe réellement). Evidemment, ça coince avec le fait que notre cerveau, qui a détecté un motif, va tellement se focus dessus qu’il est bien en mal de penser autrement/à autre chose. Exemple avec mes flips. Plus je vais en perdre à suivre, plus ma réaction va s’orienter vers la recherche de flips pour en gagner un ou, à l’inverse, chercher à éviter les flips. Quelle que soit la direction prise, on s’écarte en tout cas du jeu optimal (sort du A-game) et on entretient la paranoia qu’a créé notre cerveau.
Et c’est toute la difficulté de la chose. Notre cerveau crée un univers paranoiaque et s’y enferme.
Sortir d’un bad run équivaut en fait à sortir de la prison mentale dans laquelle on s’est enfermé.
Donc, tout ce qui va nous permettre de briser le schéma est positif.
Du coup, pour certains, effectivement, faire un break de 5 jours ou 3 semaines peut être une solution. C’est absurde (cf modjo, un bad run réel n’est en effet pas lié au temps pour ce qu’on en sait. Croire l’inverse va nous amener tout droit dans l’univers chaotique de la superstition et, là, gl pour assurer un A-game tout en évitant l’asile) mais si ça peut « reset » notre cerveau, why not. Malheureusement, souvent, le stop2refresh est une illusion. Le motif est toujours ancré dans notre cerveau et rejaillira à la première occasion (arf, un flip, on va bien voir si la chatte est revenue. sdrbgsrbghjq jhtqerjhyjkeybjketyjehj et- c’est reparti pour un tour avec cette fois une conviction ancrée encore plus profondément).
Descendre de limite peut aussi être une solution. On va en effet trouver des fields plus softs sur lesquels on sera plus proches de notre A-game (ou, disons que sur ce field plus faible, notre B-gampe peut être aussi/plus gagnant que notre A-game sur un field plus relevé). On va donc jouer de meilleures situations qu’on en a l’habitude et on va pouvoir reprendre confiance pour, à terme, rendre le motif « bad run » caduque. Malheureusement, ce n’est pas non plus une solution parfaite. Notre jeu va connaître une période d’adaptation. On peut développer de mauvais réflexes. Ou remettre en cause de bons plays qui ne sont juste plus afficaces en descendant de limite. Et, généralement, faire ce genre de yoyo entre 23 limites va avoir tendance à freiner notre progression. Techniquement parlant mais aussi « financièrement » et moralement car on risque alors une forme de tilt bien plus grave : se créer la conviction qu’on est, en fait, fait pour la limite où on vient de descendre. A terme, on peut mentalement renoncer à progresser.
Changer de discipline est aussi une façon de briser le motif. Mettre de côté le CG pour faire des MTT. Ou jouer une autre variante (gg.fr). Les situations changent, notre cerveau va s’adapter. Mais, là aussi, il y a des trucs qui clochent. Passer du CG aux MTT, par exemple, implique de jouer avec une variance plus élevée. Même chose pour un séjour en Omaha. Là, on court potentiellement au désastre en combiant faiblmesse de jeu (B/C-game), variance plus forte et domaine moins maîtrisé techniquement. Je suis un spécialiste de la chose, rien de tel pour exploser en kk jours une BR… (imploser ?)
Toutes ces solutions, et bien d’autres, peuvent permettre de briser le motif créé par notre cerveau. En même temps, elles vont, imo, plus souvent générer des problèmes qu’autre chose. Et des problèmes qui seront bien plus difficiles à résoudre.
De fait, la seule solution totalement efficace pour sortir d’un bad run est de ne pas y rentrer. D’éduquer notre cerveau pour qu’il ne prête pas attention à l’instant. Ou pour qu’il le gère comme il le devrait. Tu perds tous tes flips, c’est énervant. Mais ça arrive. Ca doit arriver. Statistiquement parlant, gagner seulement 20% de ses 50/50 sur une période (échantillon) x a une probabilité de 100%. On va passer des journées sans voir JJ+. On va tous (si on joue tous un nombre de mains infini) se fraire craquer les As cinq fois de suite. Personne, par contre, n’est capable de se rappeler d’une journée où il a gagné 64% de ses 40/60. Ni passé toute la journée sans jamais recevoir 95o-. Et jamais on ne va considérer le fait de gagner 5 fois de suite avec AA comme un good run (alors que, statistiquement, c’est aussi une anomalie).
Je ne dis pas que le bad run n’existe pas, je dis qu’il existe pas statistiquement, tout est possible, y compris le plus improbable. Est-ce que pile peut tomber 100 fois de suite du même côté ? Oui, aucun problème. Ca n’est en rien un bad run. C’est juste un bad run pour celui qui aura parié face encore et encore parce que « bordel, mais ça va s’arrêter cette série oui ? ». Statistiquement parlant, c’est totalement normal. Ca ne devient anormal que lorsqu’on parie face. Ou qu’on se croit le plus chanceux des hommes parce qu’on mise sur la suite et que le monde s’arrête tandis que la foule s’extasie sur notre « cul, c’est pas croyable, ça fait plus de 20 fois qu’il parie pile et c’est encore pile wowwwwwwwwwwww »Pousse la partie à l’infini et y’a pas de bad. ni de good. Juste une suite de 50/50 avec toutes les variations possibles.
Il n’y a du good/bad que parce que notre cerveau espère un résultat et en obtient un différent . Même dans le cas du gars qui parie pile…
POur le joueur de poker, c’est plus pervers. Dans nos estimations du futur, notre projection, on le fait en s’appuyant sur une expérience passée qui, en réalité, représente souvent un échantillon faible. Mais, au final, on s’habitue à un certain niveau de réussite et on espère le même sur la suite. Ce qui rend, généralement, très difficile la compréhension d’une période où les choses semblent mal se passer. Notre cerveau a tendance a surestimer notre edge, et les edges en général. Tout comme il sous-estime la variance qui reste une belle inconnue pour lui. Si je fais trois mois de suite à 30k hh à 6bb/100, je m’attend naturellement à faire 6bb/100 le prochain mois (ou plus car mon edge augmente). Derrière, je fais un mois à 2bb et un à 0. Bad run ? Equilibrage (mon winrate est en fait alors plus proche de 4 que de 6) ? Echantillon trop faible (en fait, mon winrate réel est quelque part entre 0 et 5bb) ?
Si derrière je fais un mois à 8, normal ? Ah « ça » revient. Fin du bad. Notre cerveau va automatiquement repositionner notre winrate sur le 6+. C’était juste une mauvaise passe…
Malheureusement, nous ne sommes pas des machines. Nos sentiments, notre état de forme physique et mental interviennent dans nos résultats. Un peu de lassitude, d’autres envies, moins de concentration, voire des détails infimes comme une instalation légèrement différente, ou un rythme légèrement différent, ou le choix de musique de fond, n’importe quoi va avoir une influence sur notre jeu.
Or, à partir du moment où on raisonne « bad run », on élimine aussitôt tous ces facteurs pour n’en retenir qu’un seul : la chance. Et, ce, même si, effectivement, on est dans une période où on run pas terrible. Statistiquement, ça arrivera. Le problème est de considérer notre niveau quand les choses se passent bien et non quand les choses se passent moyennement. Si je gagne 6bb quand les choses se passent bien, alors je gagne probablement 3-4 en moyenne. SI je réagis émotionnellement à ce genre de situation « négative », alors j’augmente ma fréquence de C-game et je gagne finalement probablement pas plus de 2bb/100.
Le run, c’est un peu le chat. Il existe en permanence good et bad. Comme il existe simultanément deux résultats à une situation où les tapis volent. Quand on joue un 70/30, on gagne 70% du temps ET on perd 30% du temps. Les deux existent en même temps, en simultané. Aucun résultat n’est plus réel que l’autre. C’est seulement notre perception (l’observateur) qui va en rendre un plus réel dans son univers. Chaque résultat conforme à notre espérance conforte cette impression de réalité. Chaque résultat contraire génère de la frustration, l’impression que les choses, l’univers, ne tournent pas correctement. Appliqué sur une période de temps assez longue (genre, plus d’une semaine), et en pondérant la frustration plus fortement que la satisfaction (c’est la façon dont notre cerveau fonctionne, un négatif pèse en gros deux fois plus lourd qu’un positif), le sentiment de bad run est inévitable. Mais il n’est pas forcément réel du fait de cette pondération différente entre positif et négatif.Pas facile de faire des graphs sur un fofo donc imaginez : vous gagnez le flip, votre indice de satisfaction/frustration monte de 1. Vous perdez un flip, votre indice descend de 2. +1, -2, +1, -2, +1, -2 etc etc etc. Vous aurez beau gagnez 50% des flips, votre cerveau gagnera en permanence en frustration. Même en runnant normalement, notre cerveau se dirige vers la frustration. Et on a tous un seuil de résistance avant que la frustration ne devienne trop forte. De fait, même en runnant good, il reste possible de générer assez de frustration pour risquer de tilter.
Toutes ces raisons font que, même si le bad run existe, il n’existe pas réellement. C’est la perception qu’on en a qui le rend réel. Et cette réalité est possible alors même que, en fait, on run good.
C’est encore pire pour un joueur de MTT. Le principe de base des MTT est d’optimiser les chattages. Qui est une façon plus réaliste de dire « il faut chatter pour gagner un MTT ». Cette expression est certes vraie mais elle n’est pas suffisante. Il faut chatter pour gagner en MTT, no problemo. MAis le bon joueur de MTT, celui qui gagnera, sera celui qui optimisera le mieux ces suites heureuses. Tout le monde chatte (même si chatter est juste gagner un ou deux flips ou 80/20). Tout le monde n’en fait pas la même chose.
De fait, pour un joueur de MTT, le bad run est la norme. Le moyen n’existe pas. Et le good run est l’exception sur laquelle on fait nos gains. Jeu de cons. Mais sur lequel un bon joueur peut faire 60-100% de retour sur investissement (uniquement en optimisant le good run). C’est l’autre façon de dire que seul le top 3 est intéressant. Mathématiquement parlant, une 4ème place n’est pas suffisante (à quelques exceptions), à long terme, pour générer le retour espéré à long terme. Optimiser nos good runs revient donc à les transformer en top 3 où le gain est suffisant pour 60% de ROI en dépit de la variance.
Pour un joueur de MTT, se plaindre du bad run est donc absurde. C’est la norme. Que tu fasses un petit ITM et perde un huge pot pour top 3 en top18 ou busto à la première main n’a, en fait, aucun impact sur les résultats à long terme. Top 3 or never happened. Ce qui est frustrant, c’est le délai qui peut exister entre deux good runs.
Un joueur de MTT qui se plaint et cherche à sortir d’un bad run est juste un joueur de MTT qui n’a pas fait de bons résultats depuis trop longtemps à son goût et n’a donc pas récemment eu de good run. Pour lui, la meilleure façon de sortir du bad run est simple : avoir un good run et le transformer en top 3 Wink
Là où ça rejoint la problématique du joueur de CG, c’est la notion de « trop longtemps à son goût ». Là aussi, ça suppose une « normalité » de résultat à laquelle on espère. A tort ou à raison, question de sample et de réalisme. Or, pour beaucoup, la majorité, rien ne prouve cette normalité.
- Ce sujet a été modifié le il y a 7 années et 7 mois par Don Matador.
Yo. Article super intéressant, j’aime beaucoup sa façon de voir les choses. Notamment d’allier le côté subjectif au bad run.
En revanche attention à certains points sur les maths, il y a quelques coquilles.
Statistiquement parlant, gagner seulement 20% de ses 50/50 sur une période (échantillon) x a une probabilité de 100%
Flemme de faire les calculs mais ce n’est évidemment pas vrai. Sur un grand échantillon on peut approcher la variable aléatoire qui définit le pourcentage de gains par une loi normale. Sa courbe de répartition est une courbe de Gauss et il est clairement prouvé que sur une variable aléatoire ayant un gain moyen de 0 (EV = 0 typiquement un flip 50/50) gagner 20% sur un nombre n d’échantillons est loin d’arriver à une probabilité de 100%. D’ailleurs, un évènement arrivant avec une probabilité de 100% n’existe jamais dans ce cas de figure.
De même lorsqu’il est dit à plusieurs reprises dans l’article que l’on peut obtenir n’importe quelle variation pour une nombre de réalisation d’un évènement, il faut bien comprendre que le sens de « normalité » est très subjectif et personnel. Il l’explique un peu dans l’article mais je trouve que ça porte a confusion.
Dire qu’il est normal que quelqu’un gagne à l’euro million 4 fois d’affilée dépend de ta définition de « normal ». C’est possible, et ça doit avoir une probabilité proche de 0. Si pour toi réussir un pari avec une probabilité de réussite de 0.000000000001% est normal alors c’est normal, sinon ça ne l’est pas.
Bon voilà juste à prendre avec des pincettes sur ces points là, car je pense qu’on peut vite chavirer en mode : « Si tout est normal, alors ça ne sert à rien de se prendre la tête puisque tout peut arriver ». Sinon super article
Je suis d’accord avec toi sur la définition personnel de la « normalité », ici je pense qu’il veut surtout dire, du moins de mon interprétation personnel, c’est normal d’avoir des périodes où la variations est importante dans un sens comme dans l’autre, du style ne passer aucun flip ou à contrario les passer tous sur une période donnée.
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