- Ce sujet contient 3 réponses, 3 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par Vaaazy_ShOOOve, le il y a 8 années et 3 mois.
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Il y a quelques jours je tombe sur cette news sur mon Facebook, et j’ai de suite été frappé par le ton du message, et ça m’a donné à réfléchir. Pour ceux qui ne le savaient pas, Alex Luneau est actuellement à Vegas avec un calendrier très chargé pour les WSOP 2016. Je vous conseille d’ailleurs de jeter un oeil au Vlog qu’il tient “From Vegas to the Moon”, pour suivre son périple aux WSOP, c’est toujours enrichissant d’être attentif à la façon dont un excellent joueur analyse son propre parcours. [EDIT: Au moment où j’ai écrit cet article, Luneau n’avait pas encore fait sa deuxième Table Finale dans le 10k NL Single draw]
Le message Facebook ci-dessus fait donc suite à la défaite d’Alex Luneau dans le 10 000$ Heads Up NLHE Championship des WSOP (153 incrits), où il finira à la 3-4ème place. Pour remettre les choses dans leur contexte, il faut bien comprendre que si Alex fait les WSOP, c’est avec un objectif très clair en tête: ship un bracelet. En gros, il n’avait jamais été aussi proche de son objectif, repartir de Vegas avec un bracelet au poignet! En effet, s’il l’avait emporté face à son adversaire Jon Smith, il ne lui aurait fallu plus qu’une seule victoire en Heads up pour remporter le bracelet.
Et pourant, ce qui est impressionnant dans l’attitude d’Alex c’est qu’on ne ressent pas de rage, pas de tilt, pas d’écoeurement. Pas de tentative de rabaisser son adversaire, dont il ne fait aucun doute qu’il est pourtant d’un niveau technique bien inférieur à celui d’Alex. Mais mieux encore que de ne pas dénigrer son adversaire, Alex assume de suite sa part de responsabilité dans sa défaite en disant que ses stratégies étaient mauvaises, car avec les infos qu’il avait sur son adversaire, il pensait que son profil était plutôt tight / standard.Ca illustre très bien le concept de Growth Mindset (état d’esprit de croissance), par rapport au Fixed Mindset (état d’esprit figé). Faire preuve d’un growth mindest, c’est être capable d’accepter ses échecs de façon lucide pour en tirer les leçons au plus vite et donc progresser, se hisser à un stade supérieur. Je peux me tromper, mais je suis certain qu’Alex sera plus méfiant la prochaine fois qu’il sera dans une situation similaire, et qu’il prendra peut-être plus de temps pour profiler son adversaire; ou tout du moins qu’il émettra des réserves quant à son profil. Si vous voulez en apprendre plus sur ces concepts, je vous conseille cette vidéo de Carol Dweck, qui a énormément travaillé sur le sujet.
Pour finir, je trouve qu’Alex exprime très bien ce que c’est la gestoin émotionnelle. En effet, gérer ses émotions ne veut surtout pas dire “ne pas ressentir d’émotions négatives!” Au contraire, Alex explique bien qu’il est frustré après sa défaite et c’est bien normal! C’est un être humain et il serait inquiétant qu’il ne ressente strictement rien après coup.Cependant, son émotion est exprimée, il semble en être pleinement conscient, et il l’accepte “sans résister”, sans s’y accrocher pendant des jours. Ainsi, son émotion négative est à la fois moins intense, et elle dure moins longtemps que s’il ruminait sans cesse des pensées négatives du style “Quel fish je suis, j’aurai du être plus méfiant” ou “Rohlala c’est sick de perdre contre un vieux joueur de 80 ans alors que je suis certain de le crush…”, etc etc…
Encore une fois je peux me tromper, mais je suis sûr qu’Alex a presque déjà oublié cet épisode, et qu’il va pouvoir être focus à 100% sur les tournois à venir. Je pense que beaucoup de joueurs auraient pu ruminer ce HU pendant des jours entiers, se gâchant leur séjour à Vegas et surtout s’empêchant d’être pleinement concentrés pour jouer leur A-game dans les tournois suivants.
Je souhaite un gros GL à Alex pour la suite de ses WSOP, et je suis vraiment content de voir que dans le monde du poker remplit de rage, tilt, frustration et émotions négatives, il reste possible de limiter la casse pour continuer d’avancer!
Pe4nuts
Salut tout le monde,
Je me permets de rajouter un petit complément, tiré d’un article sur le stage Team Pro Winamax il y a quelques semaines.
Le concept de résilience. Appliqué au poker, ce terme désigne
« la capacité à retourner s’asseoir à la table et à donner le meilleur de soi-même dès le prochain tournoi, quel que soit le nombre de bad beats, de suck-outs, et de set-ups encaissés, quel que soit le nombre de tournois desquels on s’est fait sortir auparavant, quel que soit le niveau de difficulté et quelles que soient les conditions. »
Un processus loin d’être évident pour tout le monde, puisqu’il passe par une très bonne connaissance de soi.
Mettre en oeuvre les bonnes actions pour être au top sans s’en rendre compte, être compétent sans en avoir conscience.
Là où tous ses collègues parlaient majoritairement en termes d’émotions – « Deux Rois, c’est le paradis. », « Je n’aime pas cette carte. », « Là, je commence un peu à flipper. » – Alexandre pense plutôt à « résoudre un problème de poker, » avec tout ce que cela comporte de données et d’inconnus à prendre en compte. Beaucoup moins dans l’affect, plus analytique, il tient aussi moins compte de la fameuse metagame, cette dynamique qui s’installe après plusieurs heures passées à la même table, pas assez représentative selon lui. Un discours rationnel qui ne manque pas d’interpeller.
Oui de toute façon c’est clair que le poker reste et restera un jeu analytique, peu de place à l’émotion!
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