- Ce sujet contient 15 réponses, 14 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par ping64, le il y a 12 années et 6 mois.
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Il y a quelque chose qui est vraiment fascinant chez l’être humain, c’est sa capacité à être constamment insatisfait, et à toujours vouloir plus. L’idée liée à ça est bien souvent qu’on se dit qu’en obtenant quelque chose de plus à ce qu’on a déjà, on sera enfin « en paix » ou « heureux », ou je ne sais quel sentiment de plénitude lié à la satisfaction de se dire qu’on a enfin « tout ce qu’il faut pour être heureux ».
Je me rappelle que quand j’étais ado, je me disais tout le temps qu’une fois que j’aurai le bac et que je ne vivrai plus chez mes parents, je serai enfin dans une étape de ma vie « solide » et « heureuse » puisque je pourrai prendre ma vie en main, toussa… Ce qui n’était pas faut d’ailleurs, sauf que ce sentiment-là n’a duré que 2 semaines, au grand maximum! Pareil pour mon permis de conduire: je me disais constamment que le jour où j’aurai ce putain de papier rose, ça serait super génial parce que je pourrai bouger où je veux quand je veux etc… Pareil, l’euphorie et la satisfaction n’a pas duré bien longtemps, et si j’ai été content un cours moment, j’ai rapidement voulu avoir plus pour espérer être satisfait durablement: je me disais alors qu’en ayant mon propre studio là enfin ça serait le pied de façon sûre et durable! Mais non, c’est faux: on s’habitue, et ce qu’on rêvait d’obtenir il y a 1 mois nous paraît tout à fait normal quelques temps après l’avoir obtenu. L’euphorie passe, et on est toujours stressé pour les mêmes choses, on se dit que ça ça et ça ne va pas dans notre vie, qu’il faudrait vraiment obtenir ceci ou cela pour que ça soit vraiment mieux, etc etc…
Lorsque j’ai commencé le poker pendant mes études de Philo à Nice, je me rappelle que je pensais constamment à la possibilité d’en faire un « métier », et de ne vivre que de ça. Dans ma tête, pendant les rêveries lorsque je rentrais de soirée bourré en marchant lentement sur le chemin du retour, je m’imaginais la liberté exceptionnelle que le poker pourrait m’apporter, les voyages, l’indépendance… J’ai fait les efforts qu’il a fallu pour, et j’ai eu la chance de pouvoir rapidement atteindre cet objectif. C’était le pied! Cependant, même problème: au bout de 2 ou 3 mois, tout ça me semblait tout à fait normal et quelque peu fade. Je n’étais plus satisfait, et j’avoue que je ne comprenais pas trop pourquoi. Petit à petit, j’ai recommencé à me poser des questions sur le sens que je voulais donner à ma vie, cette question qui m’avait déjà amené en Philo à l’époque.
J’ai commencé à beaucoup lire sur ce sujet, à prendre des notes personnelles, regarder des documentaires sur des auteurs intéressants … Et il s’est avéré que petit à petit, j’ai décidé d’essayer de voir les choses autrement. Je me suis rendu compte que je passais le plus clair de ma vie à attendre « d’avoir plus » pour être satisfait. Mais ces choses étaient toujours extérieures, et donc volatiles, soumises au changement. Jamais je n’avais pensé à faire dépendre ma satisfaction de ce qu’il y a à l’intérieur de moi. Du coup le schéma suivant se répétait de façon cyclique: je passais des mois à obtenir ce que je voulais, pensant que ça allait enfin rendre ma vie « parfaitement comme je le voulais ». J’obtenais ce que je voulais, je m’habituais, et je me disais que finalement c’était pas si bien que ça, et qu’il me fallait soit la même chose en mieux (plus d’argent par exemple), soit autre chose dans ma vie pour être un peu plus satisfait (un plus grand appart’ ou un beau scooter 125 par exemple). J’espérai constamment, et inconsciemment, que le monde extérieur allait pouvoir me satisfaire. Or, petit à petit, il me semble que c’est totalement impossible. C’est en étant parfaitement en accord avec soi-même, en vivant la vie instant après instant, de façon équilibrée et en faisant de son mieux qu’on aura le plus de chances d’être heureux.
Bien sûr, l’idée n’est pas de partir sur une île déserte et de vivre comme un Hermite solitaire. Mais finalement, pourquoi ne pas essayer de toujours apprécier l’instant présent. Au lieu de faire les choses rapidement, de penser à 10 000 trucs à la fois, de se stresser pour des tas de « soucis », ne serait-il pas intéressant aussi de juste prendre le temps d’apprécier ce qu’on a? On a tellement de chance d’être né en France, d’avoir eu de quoi manger toute notre vie, des amis et un toit, qu’on finit par être arrogant et ne même plus apprécier les choses simples. Du moins je ne sais pas pour vous, mais j’ai ressenti ça chez moi. Beaucoup de fois, je passais totalement à côté du moment présent, je ne vivais pas du tout ce qui était en train de se passer, mais plutôt en train de me projeter constamment dans un instant futur qui était sensé m’apporter plus de satisfaction, d’argent, de bien être, etc etc etc…
Par exemple, on peut décider d’apprécier le dîner dans le calme, et de machant lentement le plat qu’on aime, au lieu de manger vite sans y prêter attention, tout en regardant la télé et en zappant rapidement pour voir ce qu’il y a de mieux. Quand on est sous la douche, au lieu de se laver ultra rapidement en faisant tomber le savon 50 fois, on peut prendre un temps pour prendre conscience de la chance qu’on a d’avoir de l’eau chaude en hiver, sentir la sensation agréable que ça nous procure, prendre le temps de se détendre. Au lieu de ça, la plupart du temps lorsqu’on est sous la douche, on ne se rend même pas compte de ce qu’on fait, et on part dans le tourbillon de nos pensées, qui s’enclenchent de façon automatique et compulsive. On est alors assaillis par 10 000 choses qui nous viennent en tête, ce dont on doit s’occuper, les personnes qu’ont doit appeler, les tâches pénibles qui nous attendent, etc…
Tout ceci est très important au poker. C’est un jeu où l’on veut toujours plus, une plus grosse bankroll, une plus haute limite, un gain de tournoi plus élevé, un plus gros good run, etc etc… Du coup, le bonheur du joueur de poker, par défaut, ne dépend que de son run. Au lieu de prendre plaisir à jouer lentement, à réfléchir à chaque coup de façon approfondie et posée, on est souvent prisonnier de nos émotions.
Pour la majorité des joueurs, la douleur qui est liée au bad run est trop importante et masque alors la joie qui est liée au good run. Ceci vient principalement du fait qu’on ne vit pas le moment présent. Quand on run bad, bien souvent en fait on refuse le moment, et justement on ne veut pas le vivre. On veut le rejeter parce qu’on considère que ce coin flip perdu ou cette session négative sont une entrave à notre objectif: gagner plus d’argent, pour avoir une meilleure bankroll, pour être plus heureux… Pour vivre dans le moment présent, il faut commencer par l’accepter au lieu d’essayer de le rejeter. On ne peut pas vivre sa vie de façon satisfaisante en refusant de façon catégorique tout ce qui ne nous convient pas a priori. Il y a des évènements inévitables dans la vie, qu’on ne peut pas prévoir et qui sont pénibles de prime abord. Faire la queue, tomber en panne, tomber malade, apprendre une mauvaise nouvelle… Au poker, bad run fait partie de ces choses inévitables et qu’il faut accepter, même si elles nous paraissent très mauvaises à première vue. Non pas pour se complaire dans son bad run, bien au contraire! Mais pour rester serein, calme, et ne pas en faire tout un drame. Le bad run passera, avec le temps, petit à petit. Ce temps ne sera pas long si vous acceptez totalement la réalité du bad run, sachant qu’il est inévitable et fait partie du jeu. Bad run fait partie du poker, tout comme la mort fait partie de la vie. Sans bad run, il n’y aurait pas de poker. Parce que sans bad run, il n’y aurait pas de good run. Sans bad run, il n’y aurait aucun facteur chance. Sans facteur chance, le poker serait un jeu purement mathématique ressemblant aux échecs, et il perdrait tout son fun.
J’espère que ça vous donnera envie de plus apprécier chaque instant qui passe, même ceux qui vous paraissent pourtant horribles lorsque vous êtes dans la tourmente émotionnelle. Prenez du recul, et revenez à l’instant présent. Vous êtes là, en vie, et ce qui arrive n’est toujours qu’une expérience de plus qui vous permettra de vous améliorer si vous faites l’effort d’accepter cette expérience, au lieu de la rejeter!
A bientôt tout le monde ^^
Absolument aucun rapport avec l’image de la fille, c’est simplement pour le plaisir des yeux et pour que ça donne envie aux gens de cliquer dessus aussi!
Ouaip, Eckhart Tolle est un de mes maîtres à penser en effet!
Pas d’accord avec tout ce qu’il dit, mais y a énormément de choses que j’aime et qui m’ont beaucoup aidé malgré tout!
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