- Ce sujet contient 9 réponses, 8 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par
Simon44, le il y a 7 années et 8 mois.
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On connait tous au moins un grindeur qui nous répète à l’envi : « non mais t’inquiète je suis solide moi » / « mentalement je suis fort » / « j’ai un jeu solide ».
Déjà, c’est rarement le cas. Les gens ne sont pas vraiment objectifs vis à vis d’eux-mêmes, et ont une fausse conception de ce qu’est la « solidité ». D’ailleurs, qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière ce mot ?
Ben déjà pas ce pauvre petit enfant
Dans un premier temps, soyons clair il n’y a pas de définition exacte. Chacun mettra derrière ce mot ce qu’il souhaite, et sera libre de défendre son point de vue à sa guise. Quand on fait un petit tour dans le Larousse, on s’aperçoit que la solidité concerne quelque chose de « robuste, résistant », ainsi que de « bien établi, bien assuré, sûr ». Personnellement, j’ai tendance à considérer quelqu’un de « solide » comme quelqu’un de fort mentalement. A partir de là, on peut distinguer plusieurs caractéristiques à ce type de joueurs :
- Il ne dévie pas de son A-Game :
C’est probablement l’un des points les plus importants. Quand vous ne déviez pas de votre A-Game, votre capacité à maximiser votre EV reste la même. De base, on vous conseille de quitter la table dès lors que vous sentez que votre jeu s’effrite et que vous commencez à perdre le contrôle. Le joueur solide va soit avoir une facilité à rester des heures à une table en maintenant son niveau de jeu, soit être assez lucide pour faire un break dès qu’il n’est plus au top. Etre capable de s’en aller lorsque ça commence à ne plus tourner rond, c’est aussi une compétence importante pour le joueur de poker. Celui qui n’y arrive pas prolonge très souvent sa session, et finit par y laisser un bon nombre de buy-ins simplement parce qu’il s’entête et qu’il se persuade que « tout va bien ». Fatigue, ennui, automatisation des décisions, tilt, les symptômes sont nombreux et il appartient à vous de les identifier pour pouvoir vous auto-gérer!
De la même manière, il ne spew pas, en tout cas pas dans des proportions déraisonnables. Un buy-in de spew est catastrophique, car il est difficile à récupérer, et impacte considérablement votre winrate. C’est un peu comme lorsque vous aviez la flemme de réviser pour un contrôle à l’école. Vous vous mangiez une bonne gamelle, qui plombait votre moyenne. Eh bien ici, chaque buy-in spew est un pas en arrière vers votre montée de limite. Et si cela se présente trop souvent, vous risquez de stagner indéfiniment.
- Il accepte ses erreurs & sait se remettre en question :
Tout le monde fait des erreurs, c’est un fait. Même lorsque l’on maintient son A-Game, il y a forcément un moment ou nous prenons les mauvaises décisions. L’important est de ne pas s’auto-flageller et d’accepter que l’on puisse ne pas être parfait. Certains joueurs vont clamer haut & fort avoir très bien joué après chaque session positive, et avoir tendance à tout mettre sur le dos de la variance lorsque cela ne se passe pas comme prévu. Ce n’est pas comme ça que ça marche, désolé pour eux. Il faut être à même de comprendre où l’on s’est planté, et de voir comment il est possible de corriger ce qui a été mal fait. Grosso modo, le joueur solide sait où est à sa place, et ce qu’il a à faire pour progresser. Il cherche de nouveaux axes de progression. Je vois beaucoup de joueurs se poser des questions existentielles et bloquer sur des spots ridicules, qui n’ont pas lieu d’être pour eux. C’est comme si au lieu de prendre l’autoroute et de bosser les points essentiels, ils préféraient prendre les départementales et se trainer derrière les tracteurs à réfléchir à un aspect du jeu négligeable pour eux.
La variance ? Quelle variance ?
- Il gère la variance :
L’un des plus gros problèmes qui touche au mental dans le poker. Le joueur solide ne va quasiment pas être affecté par la variance. Enfin, il serait plus juste de dire que son jeu ne va pas être affecté. Il est difficile de se séparer de ses émotions. Vous avez peut-être déjà entendu qu’une partie des top players avaient tendance à voir le poker comme un jeu vidéo, et à faire notamment abstraction de l’argent. Acceptez le fait qu’une « force extérieure » puisse influencer vos résultats. Mettez l’égo de côté si vous n’arrivez pas à supporter le fait de vous faire chatter par un joueur que vous considérez comme mauvais. Ayez surtout une vision à long terme, le vrai. Je dis « le vrai » car au fur & à mesure que je croise des joueurs, j’ai l’impression que très peu n’ont au final conscience de celui-ci et considèrent qu’à partir d’un certain temps, les bons résultats leurs sont en quelque sorte dû. Au poker, personne ne vous doit rien. La seule chose que vous pouvez contrôler, c’est votre niveau de jeu. Plus il est bon, plus vous aurez de chances d’en ressortir gagnant. Mais à aucun moment il n’est écrit que vous devez l’être.
Pour revenir à la notion de long terme, je vais remettre sur papier ce que j’ai dit dans une vidéo sur les expressos. Dans ledit format, on considère qu’il vous faut environ 5000 games pour avoir une idée de votre pourcentage d’itm théorique. En cash game, vous aurez une estimation de votre winrate après des dizaines de milliers de mains, voir quelques centaines de milliers. Si vous êtes un joueur amateur, cela peut vous prendre des semaines, des mois ! Et c’est là que ce jeu est cruel, car il n’y a rien de plus démotivant que de jouer jour après jour en maintenant un niveau suffisant pour gagner, tout en voyant sa bankroll diminuer. Je peux simplement vous dire que tous les meilleurs joueurs que je peux côtoyer ont tous vécu au moins une période difficile, et l’ont surmonté en maintenant des choses simples : A-Game, travail, volume, motivation.
Voilà pour aujourd’hui, je vous invite à donner votre avis sur la notion de force mentale & de solidité, et à partager vos expériences et problèmes autour de ce sujet. Avoir des avis extérieurs ne peut que vous être bénéfique, et en bossant tous ensemble, chacun y trouvera son compte et avancera par lui même !
Salut PAsg8 , Propre cet article, GG. Plus je perdure dans ce jeu, plus je comprend et accepte qu’il faut en effet un mindset solide. En relisant mon profil de joueur établi il y a quelques mois, j’ai par exemple réalisé que je ne jouais pas assez souvent mon A-game. Trop de multi-tabling, je loupais des spots et finalement m’épuisait plus qu’autre chose à rester focus en B-Game sur 10 tables + Je ne jouais mon A-game qu’au début de session, plein d’entrain et lors des deep run et FT, quand moins de tables. Sur le fait d’accepter ses erreurs, j’ai aussi du mal car j’aimerai « idéalement » qu’une fois l’erreur commise, puis comprise, je ne la reproduise plus … c’est illusoire de penser cela, notre cerveau ne fonctionne pas comme ça et changer un mode de pensée/fonctionnement prends du temps. C’est un travail quotidien il me semble. Sur le troisième aspect que tu développes, gérer la variance: je pense que c’est dans ce domaine que je suis le moins fish mental. J’ai pris de l’expérience depuis un peu plus d’un an et demi et ai play un peu plus de 10K MTTs. J’ai vécu de beaux downswings, des 2.5K MTTs break even mais aussi du run good. La difficulté quand tu as le nez dans le guidon c’est de prendre du recul et tenter de ne pas se laisser déborder par les émotions (positives ou négatives) en fonction du run … pas évident. Dans tous les cas, être conscient de tout ça est déjà une bonne chose, je fais le boulot au quotidien pour progresser, note mes sensations pour visualiser l’évolution et le relecture de ces notes après plusieurs mois me conforte dans le sentiment que j’avance mais qu’il reste encore de la route
Salut @Gibolin2000,
C’est quelque chose de très difficile de parvenir à « étendre » son A-Game à un nombre de tables plus grand. C’est d’ailleurs un désavantage du MTT par rapport au cash ou l’on peut choisir à notre guise combien de tables on souhaite jouer.
Pour ce qui est des erreurs commises, c’est lié au A-Game j’ai l’impression. Ton cerveau profite de ton expérience de façon plus ou moins consciente, et tu vas être apte à repérer les situations problématiques, mais si tu n’es pas au top de tes capacités tu vas soit passer à côté de l’information, soit ne pas en prendre pleinement conscience en te cherchant des raisons de te détourner de ce qu’on pourrait appeler « intuition »
+1 pour ne pas se laisser déborder par nos émotions. On est en perpétuelle remise en question, et c’est très difficile de gérer tout ça, que cela soit positif ou négatif.
En réfléchissant à ce sujet, deux questions me sont venues à l’esprit :
- Comment mesurer sa force mentale ?
- Comment la travailler ?
Pour cette seconde question, je pense que la pratique régulière d’un sport est un élément de réponse (mais certainement pas le seul). Pour la première question, j’avoue n’avoir aucune réponse à fournir. Est ce que vous avez une idée sur ces questions ?
Salut @salamsati, je ne suis pas sur qu’on puisse véritablement mesurer sa force mentale. Le sport peut être une méthode en effet, et je rajouterais à ça l’expérience. On apprend beaucoup sur soi-même lorsqu’on est confronté à une situation que l’on n’a jamais affronté, et que l’on ne pensait parfois même pas possible d’exister !
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