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CHAPITRE 1 – C’EST L’HISTOIRE…
Cette histoire c’est la mienne, c’est la tienne. L’histoire d’un mec qui ressemble à tous les autres, qui n’a rien de plus ni rien de moins. Un mec qui a beaucoup de qualités et d’ambitions, mais au moins tout autant de hantises et d’imperfections.
C’est l’histoire d’un mec extra et ordinaire à la fois.
Je vous passe les premiers chapitres de ma vie, pas sur que mes 18 premières années vous fascinent. J’ai pourtant une tonne d’anecdotes pourries à ce sujet, mais est ce vraiment primordiale … j’en doute.
Nous allons directement arriver en juin 2007. J’ai 19 ans, la majorité, l’insouciance et la décadence.
Ces deux dernières années, avec mes potes on a eu notre bac même si au lieu de réviser, on a « combattu » toute l’année contre la réforme CPE, en multipliant les blocus, les manifestations et autres actions en tout genre.
A cette époque, sortir la nuit, mes potes, l’alcool & la weed sont mes hobbys. Corrélation parfaite entre ces grandes passions qui me permettent d’être un jeune adulte complètement épanoui et surtout passablement déchiré dès la nuit tombée.
2006, c’est aussi l’année de la coupe du monde, la dernière de Zizou #10 avec le maillot bleu … Je ferais d’ailleurs mon premier allez retour en Hollande la veille de la finale… Cool story bro je vous l’accorde mais il faut toujours se laisser une porte ouverte à une histoire.
Tous cela nous ramène à cette fameuse soirée de Juin.
Ce genre de soirée qui ressemble à toutes les autres. Tu passes récupérer un pote, puis deux, puis trois etc… puis enfin l’éternel retardataire que t’as prévenu il y a 2h mais qui est encore en slip (on en à tous un). Chacun son flash et/ou sa bière, ses clopes, son pochon et direction les quais de Seine. Les quais étaient et sont toujours bondés de jeunes de 18-25 ans, qui découvre la liberté, et qui pour seule preuve de maturité passent leurs soirées à se déchirer en écoutant du reggae. Le couvre feu était à peu de chose près le même pour tous, rentrer avant que l’un de ses deux parents ne nous croisent dans cet état plus proche du zombie que de l’humain standard.
#clichés (mais grosso merdo c’était clairement comme ça à l’époque).
Sauf que ce soir là, nous ne sommes pas sortis.
Il y a trois sortes de parents, les strictes, les cools mais surtout les divorcés. Mon pote en slip (le retardataire) avait des parents divorcés, il vivait seule avec sa mère. Ce qui veut dire que son appart’ était devenu notre base secrète de début et fin de soirée, sa maman notre tata, son chat notre chat. Il m’arrivait à cette époque de passer plus de temps chez lui que chez moi, au point que sa mère s’inquiétait et m’appelait quand je n’y passais pas 2 jours de suite.
Quand nous sommes arrivés chez lui, mon pote était sur son PC entrain de matter des vidéos sur Youtube. Pour replacer un peu le truc, en 2007 Youtube était tout nouveau, personne n’était très familié avec le site et la plupart du temps on cliquait sur une vidéo et nous laissions les suivantes s’enchaîner aléatoirement. On s’assoit, échangeons quelques banalités, puis d’un coup une voix Off nous attire l’attention, il s’agit de l’introduction du reportage THAT’S POKER. Et là, on est tous les trois pris dedans comme rarement. Pour les plus jeunes, le reportage suit le parcours de quelques joueurs (dont Fabrice Soulier, & Joe Hachem champion WSOP) lors des championnats du monde de poker (2006 je crois).
Le reportage nous l’avons bu, du début à la fin pas un bruit n’est venu altérer les bad runs de Fabrice Soulier, l’essort d’Isabelle Mercier, le remises en question de Joe Hachem, ni même les whines de Lucas Pagano qui vivait ses premiers pas sur le circuit…
A partir de ce jour, quelque chose avait changé …
Prochain chapitre « La révélation »
CHAPITRE 2 – LA REVELATION
On se souvient tous de nos premières fois. Aussi loin que nos souvenirs remontent, ces premières fois sont ancrées en nous. Je me rappel la première fois que j’ai embrassé une fille, la première fois que je suis rentré dans le parc des princes, la première fois que j’ai vu mon fils. Ces moments spéciaux qui font de chacun la personne qu’il est devenu.
En ce moment, je me rappel la première fois que j’ai joué au poker.
C’était ce fameux soir de Juin 2007. Il doit être 22h tout au plus. Le reportage vient de se finir, Fabrice Soulier à break even son vegas sur son dernier tournoi conjurant le sort de la voix off, qui se sentait peu à peu tenir le rôle de chat noir. Notre premier réflexe, taper « règles poker » dans Google. A cette époque aucun de nous ne connait les règles exactes du jeu. On aime les jeux de cartes, et cela nous arrive souvent de finir nos soirées en jouant au rammy, au uno ou au tarot. Mais le poker est un mystère pour nous.
Nous sommes tous différents par rapport à l’acquisition de nouvelles connaissances. Comme bien souvent on peut , selon moi, distinguer 3 catégories:
- Les « prudents » ou raisonnables qui aiment l’apprentissage théorique. Ces personnes ne brûleront jamais les étapes, se contentant de suivre à la lettre ce qui leurs est conseillé de faire et de l’appliquer en conséquence.
- Les « téméraires » ou imprudents qui affectionnent la pratique. Ces personnes apprendront sur le tas tout au long de leurs vies et se feront leurs propres avis selon leurs expériences personnelles.
- Enfin, il y a les « audacieux », ceux qui ont ont choisis, ou plutôt qui n’ont pas choisis, d’appartenir à aucune des deux premières catégories. Ces personnes, ont bien compris que l’un ne va pas s’en l’autre. Ils se baseront sur la théorie, mais en dévieront bien des fois afin de tester certaines choses non préconisées.
Vous l’aurez bien compris, je suis un audacieux. Je suis raisonnable et imprudent à la fois.
Ce soir là, nous regardons attentivement une vidéo anglophone qui nous explique l’ordre des mains gagnantes ainsi que le déroulement d’une main au poker. On est absorbé et nous nous empressons de rechercher d’autres informations. Nous nous retrouvons très vite que 2 dans la pièce. En effet, notre 3ème compagnon nous abandonne, trop pressé d’allez s’enivrer sur les quais. Au bout de quelques heures, nous avons eu le temps de revoir une grande partie de l’histoire de ce jeu à travers le temps. Nous avons fais la connaissance de quelques figures comme Doyle Brunson, Stu Ungar en passant par Phil Ivey. Nous avons découvert l’histoire de Moneymaker, son satellite, son run, son bluff et sa victoire de plusieurs millions de dollars.
Il est tard dans la nuit, nous ne foulerons pas les quais de Seine cette nuit là c’est maintenant certain. Nous avons un nouveau projet mon ami et moi, quelque chose que nous n’avions pas anticiper quelques heures auparavant, nous voulons jouer au poker.
Nous avions vu Lucas Pagano jouer sur internet dans THAT’S POKER, sans ça nous n’aurions jamais su que cela était possible. A cette époque, quand on tapait « poker » dans un moteur de recherche, les premiers liens nous renvoyait automatiquement vers des comparaisons de sites. Ces sites à l’époque, à la belle époque, proposaient des avantages plus intéressants les uns que les autres. Il y avait des bonus de dépôt en tout genre, des programmes de fidélités alléchants… Mais ce qui nous a marqué, c’est qu’il y avait des tournois appelés Freeroll, qui permettaient de gagner de l’argent sans débourser le moindre centime. Encore mieux, certains sites proposait des bonus d’argent réel sans le moindre dépôt dès l’inscription, le paradis.
FullTilt, PKR, Pokerstars, Poker770, PacificPoker, Everest, Winamax et j’en passe … Mais notre tout premier fut Doyle’sRoom.
De mémoire, nous étions tombés sur un planning de tous les freerolls tout sites confondus (nous reparlerons de ce planning) , et que c’était sur celui ci qu’un fabuleux 500$ dollars freeroll allait débuter dans l’heure. Vous avez bien lu, la dotation était de 500$ pour un freeroll basique qui intervenait de mémoire toutes les heures ou 2h oscillant entre 50$ et 500$. On s’inscrit sur le site, en prenant le soin de nous créer une adresse mail commune, qui ne nous le savions pas encore allait nous poser quelques problèmes par la suite.
Nous voilà sur l’interface de notre premier site de poker, excité comme un môme le soir de noël…
Prochain chapitre « La première main »
- Cette réponse a été modifiée le il y a 6 années et 3 mois par Epiq3.
CHAPITRE 3 – LA PREMIERE MAIN
Prenons une personne de 50 ans qui va réaliser son premier saut en parachute, une autre de 30 ans qui se présente pour son 1er jour à son nouveau job et prenons un enfant le jour de sa rentrée en 6ème. Ces trois personnes s’apprêtent à vivre des expériences totalement différentes. Et pourtant, ils sont parcourus des mêmes frissons, de la même excitation, de la même peur… Leurs point commun: l’inconnu.
Les mêmes sentiments me traversent le corps à ce moment précis.
Nous sommes en plein milieu de la nuit. Le tournoi commence dans une vingtaine de minutes. Le lobby de la DOYLESROOM est une énigme pour nous, et nous avons énormément de mal à localiser le tournoi Freeroll. Au bout d’une éternité nous arrivons enfin à le trouver, des milliers de joueurs sont déjà sur la ligne de départ. Nous cliquons sur « register », nous y sommes, plus que quelques minutes avant de commencer et la pression est au maximum. Comme un soir de nouvel an, nous avons les yeux rivés sur le décompte du lancement du tournoi.
5…4…3…2…1… pas de feux d’artifices, pas d’étreintes, pas de voeux, pas de cris…
Juste deux potes, posés sur un canapé, qui observent une fenêtre s’ouvrir sur leur écran plat 16/9 de 120cm. A l’époque ces téléviseurs n’étaient pas encore présents dans tous les foyers comme aujourd’hui. En avoir un, et en plus de cette taille était quelque chose d’assez improbable pour un mec de 18/19ans. Encore plus exceptionnel, le paradoxe entre ce téléviseur dernière génération et le canapé miteux, récupérer dans la rue, sur lequel nous étions assis était époustouflant. Tout cela pour dire que les conditions étaient optimales, mais avec un bémol pour l’assise…
Impossible de me souvenir de notre premier pseudo. Impossible car par la suite nous avons très vite du créer un compte personnel chacun et que celui-ci n’a pas fait long-feu. Egalement, car le pseudo nous l’avions tapé en 15 secondes en occultant complètement l’effet qu’il pouvait faire aux tables. Ça me fait rire de penser à tout ça, car depuis, plus un seul de mes pseudos n’a pas été pensé, réfléchis et choisis avec minutie …. Mais à cette époque, on s’en foutait on voulait juste jouer aux cartes.
La table est ouverte, deux cartes nous sont distribuées en quelques secondes. On se lance un regard complice, cette première main nous plaît énormément car elle est spéciale à nos yeux.
Un peu plus tôt dans la nuit, nous consommions des vidéos en nous contentant d’agrémenter le silence de quelques « wahhh » sans véritable débat. Mais une main nous avait scotché et permis d’échanger, une main qui avait permis à un homme de gagner un tournoi et nous nous étions stupéfaits, pendant de longues minutes, de voir un homme gagner autant d’argent avec une main qui paraissait si nulle. Le temps que le joueur avant nous soit déconnecté du fait de son absence à la table, on remonte notre historique de navigation pour retrouver la séquence sur Youtube. C’est la même main ,trait pour trait, la même main qui a permis à Chris Moneymaker de rafler 2 000 000$ et le titre de champion WSOP 2003… Un bon petit 5 de carreaux et 4 de pique.
La parole est à nous, nous ne comprenons rien au curseur de mises. Une seule chose nous attire le regard, une seule chose nous est familière, le bouton « ALL-IN ». La tentation est trop grande, et notre niveau totalement inexistant, en quelques secondes nous jouons déjà notre vie dans le tournoi … Un deuxième joueur à tapis, puis un troisième puis un 4 ème… la joie des freerolls.
Cela vaut il la peine que je vous dise que nous n’avons jamais vu de seconde main dans ce tournoi, je ne pense pas. Nous étions éliminés en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Inscription immédiate pour le freeroll suivant. Nous en profitons pour regarder la table à laquelle nous étions assise continuer de jouer, sans nous. Les gens font n’importe quoi, des tapis volent dans tout les sens avec des mains improbables (mais toujours mieux que 45o obv).
Mais pour nous la partie s’arrête ici, nous tombons de fatigue et nous endormons l’un après l’autre, la tête remplie de nouveaux projets.
Prochain chapitre « Le premier jour du reste de ma vie »
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