- Ce sujet contient 5 réponses, 4 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par ben216, le il y a 5 années et 10 mois.
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BCP épisode 1 : il faut bien commencer quelque part
Il fait gris, un dimanche de changement d’heure, winter is coming, et je m’attelle à la rédaction de mon premier article sur le thème du poker. J’ai longtemps réfléchi à me lancer dans l’écriture sur ce sujet, étant donné les quantités d’informations qu’on peut déjà trouver un peu partout sur le net. A force de lire tout et rien, le meilleur comme le pire, j’ai l’impression qu’il est très difficile pour un joueur qui n’est pas déjà un régulier des tables de faire le tri et il se mélange très vite les pinceaux.
La première série d’articles que je vais m’atteler à rédiger sera donc dédiée au processus d’apprentissage. Le poker est un jeu, mais c’est aussi une discipline. Et qui dit discipline dit méthode. Sans méthode, pas de résultats. C’est ainsi ma pauvre Lucette, les meilleurs joueurs sont souvent les plus gros bosseurs, et ceux qui savent comment travailler.
L’apprentissage du poker et de la musique
Dans le train qui me ramène de Montpellier, après avoir passé une quinzaine de jours avec des amis musiciens, je commence à me dire que mettre en parallèle l’apprentissage de la musique et sa pratique avec le poker pourrait illuminer quelques plafonniers. Ca a fait tilt pour moi en tout cas.
A mes heures perdues, j’aime bien gratouiller quelques cordes, je connais les accords de base, suis capable d’improviser quelques petits solos, mais ça s’arrête la, loin de Jimmy Hendrix. Mon pote Bérenger, est bassiste depuis des années à l’école de jazz de Montpellier. Il essaye de m’apprendre quelques petits trucs, mais on ne parle pas la même langue quand il s’agit de musique. Il a fait du poker et j’essaye de lui expliquer moi aussi quelques tips, mais il n’a pas la profondeur technique pour comprendre.
Tout comme la musique a le solfège, le poker a ses gammes. Ca peut vous paraitre rébarbatif et tout sauf fun, mais quand on veut être capable de comprendre ce qu’on fait, il faut être en mesure de mettre des mots dessus et pouvoir se le représenter.
J’ai regardé un concert de Jimmy Hendrix : cool je vais faire la même chose
L’apprentissage poker tel qu’il est perçu par 80% des joueurs qui hantent les forums se résume à regarder des vidéos techniques de joueurs de buy in plus élevés. Ils cherchent à intégrer de nouveaux éléments à leur jeu, sans en avoir gommé les faiblesses. En guitare, si vous ne savez pas faire un sol, vous ne ferez jamais sonner un fa, qui est une note plus technique à réaliser.
Essayer de faire l’étape 3 alors qu’on ne maitrise pas l’étape 2 est impossible. Dans des termes plus académiques, issus de mon passé de formateur, on pourrait expliquer la chose comme tel :
« L’intégration de nouvelles compétences incomplètes ou de compétences qui ne correspondent pas à votre niveau technique va entrainer une courbe d’apprentissage plus lente et une courbe de performance plus plate ».
S’évaluer au poker est plus difficile qu’en pratiquant un instrument, car si vous êtes chanceux vous ne remarquerez pas votre erreur. Au contraire, vous pouvez faire le bon choix et perdre. Mais alors, que faire ?
Tout est dans la répétition
La pratique régulière et progressive du travail théorique couplé à une pratique du jeu efficace sera votre meilleur atout pour vous améliorer dans le temps. Faites un point pour savoir ou vous en êtes : que savez vous réellement du poker ? Vos bases sont elles assez solides ? Avez-vous travaillé vos gammes avant de chercher à analyser votre dernier spot de check raise bluff turn sur la dernière table finale ou vous vous êtes rendus ? Si vous êtes un peu perdus, vous pourrez vous référer à <u>cet outil</u> qui vous présentera les prés requis techniques avant de « monter d’un niveau ».
Dans le prochain article, je vous ferais part de méthodes à utiliser pour mettre en place des bases de jeu et d’analyse solides, qui seront le socle (ou les gammes) de votre progression.
Tchuss !
Ben
- Ce sujet a été modifié le il y a 5 années et 10 mois par ben216.
BCP épisode 2 : La cocotte et les outs
Pas mal de choses sur le feu qui me limitent dans l’écriture de ces articles, entre le grind et les déplacements, mais avec un peu de retard, voici l’épisode 2. Je vous avais laissé sur une analogie entre le poker et la musique, voici à présent le temps de présenter une méthode plus complète.
Le poker est un jeu de pari à information incomplète
Première chose à réaliser avant de s’attaquer à la méthode, le poker n’est pas un jeu de cartes. Il s’agit d’un jeu de placement. Quand vous jouez au poker, c’est un peu comme si vous étiez trader, vous investissez dans des actions plus ou moins risquées, et vous générez une plus value ou une moins value. Savoir si vous devez investir ou non dépend de données mathématiques et de choix stratégiques.
Votre progression technique au poker dépend de la quantité de paramètres que vous êtes capables de prendre en compte pour analyser la qualité de vos décisions et les mouvements de vos adversaires. Quand on débute, on se base sur les informations disponibles sur notre main : la force relative de notre main, le nombre d’outs, la cote au pot et l’équité. Quand notre expertise se développe, on y ajoute de nombreux paramètres, mais si vous n’utilisez pas correctement les éléments d’analyse basique, la pertinence de vos choix sera faible.
Avant le flop
Pour savoir si vous devez jouer ou non une main, vous devriez estimer le type de pot dans lequel vous allez investir :
- Le pot à t’il été ouvert ?
- D’autres joueurs ont-ils payé avant moi ?
- Quelle est ma position à la table ?
- Quelle est la profondeur du tapis effectif ?
- Quel est mon type de main ?
- Quelle est ma cote au pot ?
En fonction de ces éléments, vous devez estimer si votre main est intéressante pour ouvrir le pot, payer ou relancer. Plus le nombre de joueurs investis dans le pot est important, meilleure sera votre cote au pot, mais vos chances de gagner le pot seront plus faibles et les décisions plus difficiles.
L’art du jeu préflop est trop long à détailler dans un article, les situations étant souvent différentes, mais essayez de jouer des pots contre un seul joueur avec vos mains fortes et vos paires fortes à moyennes en sur relançant et privilégiez les connecteurs assortis et les petites paires pour les pots multi-joueurs. Ne soyez pas aveuglés par une cote au pot trop favorable si votre main n’a aucune jouabilité.
*Le travail de création de ranges préflop sera détaillé dans un article futur, afin d’avoir des décisions préflop plus rapides et plus efficaces.
Estimer la force relative de sa main
Après le flop, il est nécessaire de savoir à quel point votre main est bonne, pour savoir si vous devriez continuer à investir dans ce pot ou non. Une simplification utile au débutant sera de définir si sa main après le flop est :
- Une main à value : top paire bon kicker ou mieux
- Une main ayant de la Showdown value : top paire kicker moyen, seconde ou troisième paire
- Une main à potentiel : une main ayant de nombreux outs
- Une main sans potentiel : une main ayant peu d’outs
Si vous détenez une main de catégorie 1 ou 3, vous devriez être poussés à investir dans ce pot en misant ou en relançant. Si vous détenez une main de catégorie 2, vous devriez essayer de checker pour contrôler la taille du pot et amener votre main au showdown. Une main de catégorie 4 devrait être passée sans beaucoup de réflexion.
*élément supplémentaire : le SPR
SPR= Taille du tapis/taille du pot
Un autre élément très important à prendre en compte est le SPR : le stack to pot ratio. Plus celui-ci est petit, plus vous devez être prêt à investir le reste de vos jetons avec une main moyenne comme top paire. Plus il est élevé, plus votre jeu doit être fort ou avoir un potentiel d’amélioration très fort.
Calculer son nombre d’outs
Vous avez une main à potentiel et devez estimer vos chances de victoire : de combien d’outs disposez vous ? Un paquet de cartes comprends 52 cartes, 4 de chaque type et 13 de chaque couleur. Vous en connaissez 5 : vos deux cartes privatives et les 3 cartes communes au flop. Commencez par compter les cartes qui vous donneraient un jeu fort et multipliez par 2 votre total pour avoir une estimation en pourcentage de vos chances de gagner sur la turn.
Comparez votre équité ainsi estimée avec la cote au pot pour savoir si vous devriez payer une mise de votre adversaire. Si votre équité est supérieure à la cote du pot, vous devriez payer. Si votre équité est inférieure, vous devez être sur de gagner une mise supplémentaire sur la river de la part de votre adversaire (voir cote implicite).
Calculer la cote au pot
A chaque étape de prise de décision, vous devez être conscient de la cote du pot pour savoir si vous voulez continuer à investir dans celui-ci. Vous n’avez pas besoin d’être devant votre adversaire pour que votre call soit une bonne décision, chose que le débutant à beaucoup de mal à concevoir.
Cote au pot= mise/(2xmise+pot)
Si votre équité est supérieure au montant de la cote au pot, il faut call. Si votre équité est inférieure à la cote au pot, vous devez estimer la probabilité p que votre adversaire continue à miser si votre jeu s’améliore. La cote implicite d’un tirage quinte est par exemple souvent supérieure à celle d’un tirage couleur, car vos adversaires la repèrent moins facilement.
*La cote au pot sur une mise river s’applique de manière différente car vous n’avez plus de cartes à tirer, mais un jeu fait, ainsi que votre adversaire. Pour savoir si vous devez payer ou non, vous devrez estimer le ratio de mains en bluffs et de mains en value chez votre adversaire pour savoir si vous devez payer ou vous coucher. Nous détaillerons cet aspect dans un article à venir.
Travailler sa méthode d’analyse hors des tables
Nous avons abordé les éléments de base d’un coup au poker. Il faut maintenant être capable de prendre ce genre de décisions in game. Vous devez vous concentrer sur les situations récurrentes pour améliorer votre jeu : toutes les semaines, prenez deux heures pour regarder les mains que vous avez jouées et essayez d’analyser la qualité de vos prises de décision à l’aide de ces éléments. Vous vous familiariserez ainsi avec les situations les plus communes sur les différents types de flops. Arrêtez de vous focaliser sur les décisions compliquées river en pot 3 bet, votre jeu doit être travaillé à la base. Répétez cet exercice sans relâche jusqu’à être sur d’avoir tout bien intégré, et vous serez sur le bon chemin.
Tchuss !
Ben
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